Cette interview retrace le parcours sportif et professionnel du créateur de Car Concept
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Transcription de l'article:
Fabrice LEFEBVRE
Ce qui lie Fabrice LEFEBVRE le double champion de SALOON CAR 2011/2012, au véhicule le plus populaire de l'histoire de l'automobile, relève plus sûrement de la passion que de l'amour.
Au point de faire de cette légendaire "COX" le fil rouge de sa vie sportive et professionnelle.
Propos recueills par Jacques Furet
Echappment Classic: Avec le succès que l'on sait, vous écumez les meetings historiques à bord d’une monture peu commune. D'où vient cet attachement pour la VW Coccinelle ?
Fabrice LEFEBVRE : ll me suit depuis mon enfance. Dès mes huit ans, je me suis retrouvé avec des parents garagistes qui venaient de prendre une concession Volkswagen à proximité de Beaune. Déjà, le trajet maison-école s'effectuait à bord d'une Coccinelle! Puis le véritable déclic s'est opéré à la sortie du film de Walt Disney "Un amour de coccinelle", en 1969. Voir une auto aussi peu sportive réaliser de telles prouesses, cela m'avait vraiment marqué. Au point qu'à l'âge de passer le permis de conduire, j'avais déjà une Cox qui m'attendait au garage avec de beaux n°53 sur les portes, à l'image de la voiture du film.
De là à lorgner vers la course automobile, il n'y avait certainement qu'un pas
D'autant plus facile à franchir que, dès 14 ans, mon père avait eu l'excellente idée de me faire cadeau d’un vieux buggy en panne. Le defi consistait à le remettre en état de marche, ce qui n'a pas tarde à être le cas. Dès lors, puisque j’avais la chance d'habiter à la campagne, au milieu des champs, de petites courses de cross ont rapidement vu le jour derrière le garage familial ou j'invitais mes copains à y participer le samedi après-midi. Cela a grandement développé mon amour de la glisse et du pilotage dans des conditions précaires. ..
Et les vrais "courses" à quand remontent-elles ?
La toute première, avec une licence en poche,ce fut un Autocross en 1984. Pour quasiment rien, j‘avais récupéré une vieille Coccinelle 1303 S à l'abandon. Le principal investissement avait consiste à lui greffer deux carbus double-corps Weber qui. a eux-seuls, coûtaient le prix auquel ie l'avais achetée ! Je me sou viens étre venu reconnaitre le circuit de nuit avec ma voiture de route, ce qui s'était avéré payant aux es sais. Mais au depart de la course, les vieux de la vieille m'ont vite ramené a la raison.Ces débuts en Autocross ont connu une suite ?
En Autocross non. mais plutot sur les nombreux meetings spécifiques qui s'organisaient 93 et la a l'intention des VW. A de faut d'avoir un caractére officiel. ils m'ont rapide meat permis de me forger une petite reputation en matière de préparation moteur. De me créer un bon réseau chez les amateurs de Cox. Au retour du service militaire. j’ai pu ainsi lancer ma propre affaire gràce a la caution de mon pére et a l‘obtention d'un petit prêt. Car Concept était née.
Vingt-cing ans plus tard. comment l’entreprise se porte-t-elle ?
Plutôt bien. Volontairement, j'ai axé mon activité sur la vente de pieces déta chés. Je communique uni quement la-dessus. meme si j’ai touiours un atelier a disposition. Je le conserve pour mon plaisir: celui de preparer mes autos et, éventuellement, celles de très bons clients.
Revenons aux années 80. Hors des manifestations VW, où pouvait-on vous croiser en compétiion?
J‘ai notamment couru deux Baja espagnoles en Cox. J'étais jeune et bien peu organisé. Pour être arrivé en retard a la premiere, je n'avais pu disputer le pro logue. ce qui m'avait valu de partir bon dernier et de ne pas aller tres loin. La seconde fois, j’ai atteint l'arrivée, mais en faisant cette fois un peu trop de chemin. Nous nous étions tellement perdus avec mon copilote, que nous sommes arrives hors délais. apres avoir parcouru au moins 100 km de plus! II y a aussi eu la Montée Verte et quelques courses d'accélération, comme le Dragstermania de Montlhery. Mais la la vérité.,en matiere de courses les choses serieuses ont véritablement débuté avec la Super WV Cup en circuit.
... dont vous avez longtemps été l'un des ténors !
J'avais bien sympathise avec Jacky Morel, le redacteur en chef de Super VWMag, qui allait lancer la formule en 1993. Si bien que j'ai adhere à ces courses des le depart, et cela avec d'autant plus d'enthousiasme qu'elles associaient pour moi le plaisir du pilotage et l'intérét professionnel. J'avais de nombreux clients parmi ses compétiteurs. En huit ans, j’ai remporté six fois le titre et terminé deux fois deuxieme. Cette Super VW Cup était devenue ma drogue !
QUels en étaient les points forts ?
D’abord son côte économique. Le coût du véhicule de base etait peu élevé et celui de sa preparation restait bien en dessous de ce qui se pratiquait ailleurs en cir cuits. Le reglement technique laissait aussi pas mal de liberté.
En 2002/2003. j'ai essayé quelques endurances V de V, mais ie savais qua l'auto n'était pas faite pour cet exercice. Pour ne pas évoluer dans les profondeurs du classement, il me fallait de la puissance et donc un moteur bien trop fragile. C'est alors que j'ai entendu parler du Trophée Saloon Car et de son pla teau pour le moins varié. Une VW y courait meme déjà. .. .Je m'y suis donc engagé a partir de 2004.
Toujours la meme. mais bien révisés et mise en configuration avec le réglement propre au Saloon Car. notament au niveau du poids mini. Elle s'y retrouvait: au titre de réplique d'une Groups 5.
Comment avez-vous été accueilli par cette nouvelle famille ?
Dès ma premiere course à Magny-Cours je suis monté sur le podium. ce qui a fait grincer quelques dents... Les possesseurs de BMW. de grosses autos. assez nombreux. étaient un peu surpris de se faire devancer par une voiture aussi peu noble... Par la suite. les gens ont vite compris qu'une Cox comme la mienne pouvait s'avérer être très performante.
De cette première saison, je garde aussi le souvenir d'un sérieux accident au Vigeant, où je m'étais littéralement fait jeter dehors. En deux mois, il m'a fallu reconstruire l'auto avec l'aide de mon père, pour y retourner aussitôt!
Les premieres années, j’étais souvent barré dans ma catégorie par de grosses américaines. Alors que cette année-la. le moteur de la Cox ayant évolué de 2.4 à 2.5 litres, je me suis relrouvé au coude a coude avec la BMW de Jean-Claude Basso. J'ai connu plus de déboires l'année suivente en cassant au moins deux fois le moteur. Avec see 240 ch. il etait vraiment poussé a see limites ! C'est à ce moment que je me suis décidé à tenter de gagner le trophée au classement général avec une Porsche.
UNe demi, mais tout de même sérieuse, entorse à vos habitudes de pilote de VW Coccinelle !
Après toutes ces années en Cox. j'avais envie de voir autre chose. J'ai déniche une 911 de 1985. animée par un 3.6 litres de Carrera 2, avec laquelle j'ai vécu deux excellentes saisons, jalonnées de victoires et d'un premier titre en 2011. Deux an nées également paisibles sur le plan de l’entretien mecanique : entre un moteur de Cox poussé a son maximum et un de Porsche pratiquement de série, ce fut le jour et la nuit.
Et en matière de pilotage ?
Pas si different que cela, surtout que j’avais adapté à la Porsche quelques elements de la Cox ! La premiere était plus puissante. avec une meilleure aéro. mais aussi plus lourde et moins maniable que la seconde. Au final. je n'avais que légerement progressé en rapport poids/puissance. Le titre acquis, je me suis séparé de cette Porsche pour me lancer dans la preparation d'une Audi quattro. qui sera la parfaite réplique de la Groupe B de rallyes de 1985.
En attendant l'apparition de ce qui pourrait devenir l'arme fatale du Saloon Car, votre Cox a encore parfaitement rempli sa mission en 2012...
Oui. avec des podiums a repetition et, surtout, la satisfaction d'empocher un deuxieme titre consecu tif en fin d'annee. Un nouveau succés auquel, cette fois. je ne m'attendais vraiment pas !
Mais cette cox jaune passée de la super VW Cup au Saloon Car, il s'agit toujours de la même auto ?
Touiours. .. Elle a auiourd'hui 14000 km de compétition dans les pattes. lnutile de vous préciser qu'elle commence a bien connaltre les circuits ! Et ce n'est fini, puisqu'en attendant l'Audi. je repars avec elle cette saison.
La cox idéal comment l'imaginez-vous ?
La mienne n'en est pas tres éloignée ! Elle est mécaniquement très aboutie, puissante et équilibrée. Elle va vraiment bien. Se seule faiblesse tient à la relative fragilité de son moteur. A titiller les limites en matiere de cylindrée et de puissance. on s'expose forcément a des problemes de fiabilité.